Une dernière mission avant de rentrer, une seule. On ne pouvait pas conclure une année d’exil en Amérique du Sud sans quelque chose de grand. Pour vous, pour nous, on a vu très grand, gigantesque même : le carnaval de Rio. Cette fête, la plus importante du monde en termes de fréquentation, nourrit beaucoup de fantasmes et de mythes. On a décidé d’aller voir ça de plus près. Même si notre budget ne nous a pas permis de passer la semaine entière sur place, on a quand même tenu à y passer deux nuits, et on n’a pas été déçus.
Dangereux : c’est ce qui revenait toujours quand on évoquait cette dernière étape avec d’autres voyageurs, à tel point qu’on était un peu sur nos gardes en arrivant, mais nos craintes se sont vite envolées. Après un transfert depuis Ilha Grande (Speed connection, pas si speed que ça) un peu raté, on débarque à 18 heures dans le quartier de Lapa le 10 février 2013, déjà 6 heures de retard et une après-midi de perdue. On arrive presque à la nuit pas très sereins donc mais, à notre grande surprise, on croise encore quelques familles, enfants inclus, qui parcourent les rues chaussés de havaianas. L’ambiance est bonne enfant, beaucoup moins de viande saoule qu’on aurait pu imaginer par exemple. Attention par contre si vous êtes une femme seule, on nous a raconté que la drague Brésilienne pouvait s’avérer très directe…Le quartier de Lapa, c’est lui qui nous a choisi plus que le contraire : c’est ici qu’on avait réussi difficilement à réserver 2 nuits au lieu des minimum 4 ou 5 exigées par les hôteliers, 6 mois à l’avance quand beaucoup d’auberges affichaient déjà complet. Un choix qui s’avère excellent puisque c’est là, sous les mythiques arches du quartier, que se retrouvent des milliers de personnes pour danser devant un concert qui s’éternisent tous les soirs jusqu’au bout de la nuit.
Des plumes : non on ne croise pas des reines de samba emplumées à tous les coins de rues, avant que vous ne posiez la question. Et c’est une chose importante à savoir, il existe bien un « carnaval dans le carnaval ». Les écoles de samba, véritables institutions qui animent tout au long de l’année les soirées Carioca, ne poursuivent qu’un but : produire le plus beau défilé pendant le carnaval, le plus gigantesque qui soit, coloré, avec la meilleure chanson etc. Mais ce défilé n’a pas lieu dans les rues de Rio mais dans le Sambodromo, qui n’est autre qu’une rue fermée pour l’occasion et entourée d’impressionnantes estrades, capables d’accueillir des milliers de spectateurs. Pendant la fête, le pays tout entier a les yeux tournés vers ce show splendide, où se presse la crème du Brésil. Comme les encierros à Pampelune, les défilés de la veille repassent en boucle sur les chaines de télévision et sont suivis par tout une nation qui vibre. A chaque jour son défilé mais le dimanche et lundi (les 2 soirs où on y était), ce sont les écoles de 1ère catégorie qui défilent, un peu le Top 14 des emplumés. Les moyens déployés sont énormes, jusqu’à des piscines et des toboggans embarqués sur les chars gigantesques. Faute d’organisation, on n’a pas pu y aller. Ceux qui l’ont fait nous ont dit que ça valait le coup, mais attention : les places les moins chères (et chères pour autant) sont assez éloignées du cœur de la fête et vous pourrez vous sentir un peu à l’écart du spectacle qui, faut-il le préciser, dure jusqu’à 5 heures du matin
Le temps : chaud, lourd, étouffant, un vrai four. Bien loin du carnaval du petit Bayonne qui peut finir verglacé, on est en permanence autour de 35°C ici (et oui c’est l’été) et ça fait une grosse différence. Les Cariocas ont trouvé 2 solutions pour lutter, la bière et Copacabana. La bière parlons-en, c’est LA boisson nationale. Certes vous connaissez tous la caïpirinha, mais ça ne désaltère pas vraiment et le lendemain vous avez des trous dans l’estomac. Des milliers de m3 de bière, blonde et légère, voilà ce qui arrose la capitale du monde en février. Les Brésiliens ne la veulent que « gelada » (comprenez à la limite de la congélation), ce qui implique une organisation titanesque pour approvisionner chaque petit vendeur de rue en cannettes et glace pilée. Ah si tout pouvait marcher aussi bien !! C’est une armée de ramasseurs de canettes qui bat le pavé en permanence pour aller ensuite revendre le métal, nettoyant un peu les rues par la même occasion. Pour se rafraichir vous pouvez aussi compter sur les plages qui ceinturent la zone Sud de la ville. On a une préférence pour la mythique Copacabana, qui retrouve sa splendeur passée pendant la semaine en accueillant nombre de concerts sur l’avenue Atlantica qui la borde.
La musique : c’est la samba la reine, avec ses airs enjoués qui caractérisent la cidade maravilhosa et ses habitants. Tout le monde connait ici et méfiez-vous, c’est très dur à danser : tout dans les jambes et ça se voit sur les championnes Brésiliennes et leurs cuisses charnues, voire charpentées. Mais ça ne se limite pas à ça : un coin de poubelle, un vieux tambour et une bande de copains donnent souvent lieu à des spectacles improvisés qui durent des heures. On retrouve aussi les blocos qui, avec peu, rassemble des groupes multi-générations pour chanter sur la samba (bien sur), mais également sur du MPB (Musica Popular Brasileira), dont vous serez les seuls à ne pas connaître les paroles par cœur. On imaginait que ces petits groupes improvisés donneraient lieu à des défilés, mais c’est rarement le cas dans la ville qui est finalement peu fermée à la circulation. On voit souvent des taxis, bus ou motos se faufiler entre les fêtards qui envahissent le macadam.
Déguisements : ha là oui c’est bluffant. Et totalement déluré. Le carnaval est l’occasion principale pour « se lâcher » dans l’année. Du moment que vous restez en partie habillés, ou nus mais avec des paillettes, pas de jugement ni de regard de travers. Il faut d’ailleurs imaginer qu’environ ¼ des hommes (attention statistique très approximative) sont habillés en femmes. Un autre ¼ est torse nu, en train d’exhiber des kilos de muscles emmagasinés pendant des mois de gonflette (sport national à Rio juste derrière le football). Vous avez parfois les 2 catégories qui se rejoignent et le résultat est surprenant. Mais on ne vous jugera pas ici, rares sont les appareils photo indiscrets qui transgressent cette parenthèse annuelle ; c’est carnaval on vous dit alors déguisez vous!
Foule : clairement il y a du monde, énormément de monde, des millions de personnes. Mais la ville est grande et divisée en nombreux quartiers (Copacabana, Ipanema, Lapa, Santa Teresa etc.) qui se répartissent les animations dans la journée. C’est d’ailleurs votre mission première quand vous vous levez à midi (avant ça ne sert pas à grand-chose tout le monde dort) : consulter le programme par quartier. Notre conseil, commencez par ce qui est loin pour finir, si vous êtes logés à Lapa, « à domicile » et vous pourrez rentrer à votre hôtel à pied sans problème - la police est omniprésente -. On a particulièrement apprécié notre dernière après-midi à Santa Teresa, populaire et un peu à l’écart des touristes, les vieilles rues pavées rajoutant au charme Carioca !
Bilan : on a aimé, même si il faut reconnaitre que passer ces 3 jours entre copains/copines semble plus approprié qu’à 2. Un regret peut-être, ne pas avoir été au sambodromo pour profiter du spectacle des écoles de samba. En revanche, même si la plupart des hôtels vous poussent à réserver la semaine entière, sachez que ceux qui l’ont fait nous ont avoué être fatigués sur la fin ; 3 jours suffisent pour une première fois.
Si ces quelques lignes sentent bon le soleil, la plage et les tangas, sachez pourtant qu’elles sont postées depuis… Paris où on vient d’atterrir ce matin ! Choc thermique (et pas seulement) assuré après un an passé à l’étranger. Qu’est-ce qu’on a préféré ? Qu’est-ce qui a changé pour nous ? On vous fera un petit état des lieux dans quelques jours, quand la fièvre des retrouvailles sera passée. Mais si déjà on a pu donner à certains l’envie de voyager avec notre blog, alors l’objectif est atteint ! D’ici là on vous fait un bel abrazo.
Les rares photos du carnaval dans cet album, à partir de la page 9